摘要
Nous abordons l’épidémiologie des troubles dépressifs, d’une part, et des troubles post-traumatiques, d’autre part, afin de mieux saisir leurs parentés. L’évolution de la compréhension séméiologique et psychopathologique des troubles psychiques post-traumatiques, qui ne se réduisent pas à l’unique trouble de stress post-traumatique, nous permet d’aborder le cadre nosographique des dépressions post-traumatiques. Au cours du temps, sous l’effet de la dissociation traumatique, les symptômes cardinaux que sont les reviviscences, les évitements et l’hypervigilance peuvent laisser la place à des syndromes variés dont les origines psycho-traumatiques restent tues. Sans doute faut-il y voir la cause de nombreuses dépressions résistantes. Il ne s’agit ni de « comorbidités » dépressives ni de « complications », mais d’authentiques formes cliniques conséquentes au trauma et lui restant liées par des considérations anamnestiques, psychopathologiques et neurobiologiques. Nous détaillons les désormais classiques dépressions post-traumatiques : (i) d’épuisement psychophysiologique face au trauma et ses conséquences, (ii) avec caractéristiques psychotiques congruentes à l’humeur, (iii) masquées par des souffrances somatiques, (iv) intégrant un deuil post-traumatique. Aussi, nous proposons l’idée que la dissociation pathologique crée des schémas cognitifs dépressogènes au point d’entraîner des « dépressions dissociatives ». Nous évoquons ensuite les perspectives thérapeutiques pharmacologiques et psychothérapeutiques avant d’aborder des stratégies de recherche basées sur la psycholinguistique, et en particulier la description du syndrome psycholinguistique traumatique (SPLIT). Sont enfin précisées les problématiques médico-légales. We investigate the epidemiology of depressive disorders, on the one hand, and post-traumatic disorders, on the other hand, in order to better understand the relationship between the two. The evolution of a semiological and a psychopathological understanding of post-traumatic psychic disorders, which cannot be reduced to post-traumatic stress disorder alone, allows us to understand the nosographic framework of post-traumatic depression. Over time, under the effect of traumatic dissociation, the cardinal symptoms of reliving, avoidance and hypervigilance can give way to various syndromes whose psychotraumatic origins remain unknown. This is no doubt the cause of many cases of resistant depression. These are neither depressive “comorbidities” nor “complications” but authentic clinical forms resulting from trauma and remaining linked to it by anamnestic, psychopathological and neurobiological factors. In this study, we enumerate the now classic post-traumatic depressions: (i) psychophysiological exhaustion in the face of the trauma and its consequences, (ii) mood-congruent psychotic characteristics, (iii) depressions masked by somatic suffering, (iv) those that involve post-traumatic grief. Also, we suggest that pathological dissociation creates depressogenic cognitive patterns to the point of leading to “dissociative depressions”. We then discuss the therapeutic perspectives of pharmacological and psychotherapeutic treatments, and finally address research strategies based on psycholinguistics, and in particular the description of traumatic psycholinguistic syndrome (SPLIT). We conclude with a discussion of the medico-legal issues.