La forme sporadique de la maladie de Creutzfeldt–Jakob (sMCJ) est la forme la plus fréquente des maladies à prions. Son origine est à ce jour inconnue. Décrire les données de 25 ans de surveillance des maladies à prions et étudier l'évolution du taux de mortalité par sMCJ au cours du temps pour comprendre son origine. Les cas collectés par le réseau français de surveillance des maladies à prions décédés entre 1992 et 2016 ont été inclus. Les variations dans le temps de la mortalité par sMCJ ont été étudiées à l'aide d'un modèle âge–période–cohorte (APC). Un effet de l'âge reflète un processus biologique lié au vieillissement, un effet de la période de décès une tendance globale telle qu'une évolution diagnostique et un effet de la cohorte de naissance ou un changement environnemental. Nous avons inclus 2510 cas de sMCJ classés probables ou certains après autopsie. Le taux de mortalité global des 45–89 ans était de 4,58 par million de personnes-années avec un pic chez les 75–79 ans. Le modèle APC suggérait un effet de l'âge mais aussi de la période et de la cohorte sur la mortalité par sMCJ. Le rapport homme/femme était < 1 avant 55 ans et > 1 après 80 ans. L'analyse APC du taux de mortalité par sMCJ révèle plusieurs facteurs influençant son évolution au cours du temps : des processus liés à l'âge, une amélioration de la surveillance durant les premières années et un effet cohorte qui pourrait être lié à une exposition environnementale inconnue (zoonose, habitudes alimentaires, pesticides, modification du microbiote liée aux antibiotiques). Cette approche statistique basée sur 25 ans de surveillance en France apporte de nouveaux arguments en faveur de la contribution potentielle de facteurs environnementaux dans la survenue de la sMCJ.