La dermatite de contact allergique (DCA) au latanoprost a été décrite seulement dans 5 cas. Un patient âgé de 65 ans avait une éruption cutanée depuis quelques mois avec aggravation en été. Le patient avait eu une réaction photo allergique à l’acide méfénamique il y a 6 ans. Le patient était diabétique depuis 10 ans sous glimétpride et acarbose. Il avait un glaucome, depuis 6 mois traité par latanoprost/timolol, dorzolamide/timolol. L’éruption débutait aux paupières, 2 mois après le début du traitement de glaucome. Après exposition solaire, l’éruption s’est étendue au front et aux avant-bras. L’étude histologique concluait à un eczéma. Le patient niait toute manipulation de plantes ou de topiques. Les médicaments pris pour le diabète ne sont pas photo sensibilisants. Un eczéma photo aggravé dû aux collyres était suspecté. Des tests épicutanés étaient réalisés avec ses collyres et chlorure de benzalkonium. Les lectures à 48 heures (H), H72 montraient une réaction positive au lanatoprost avec « flare-up » et un test négatif pour le chlorure de benzalkonium. Les tests épicutanés avec le latanoprost et les 2 analogues de prostaglandine (PG) timatoprost et travoprost montraient une réaction positive au lanatoprost à 48 et 72 heures. Nous n’avons pas pu compléter par des photos patch-tests par manque d’équipements. Le patient était traité par dermocorticoïdes avec arrêt du lanatoprost suivie d’une amélioration initiale. Au cours du suivi, malgré l’éviction de l’allergène et la photoprotection, on a noté des épisodes d’exacerbations contemporains à une exposition solaire importante. L’aggravation suite à l’exposition solaire était suggestive d’eczéma photo aggravé, jamais décrit avec le latanoprost. Le patient avait aussi des épisodes d’exacerbation, malgré l’éviction de l’allergène, après exposition solaire pouvant être en rapport avec une « photosensibilité persistante ». Une photo-réactivité particulière liée à la photo allergie à l’acide méfénamique pourrait expliquer cette photosensibilité inhabituelle. Delaunay et al. ont rapporté un patient, aux antécédents de dermite de contact photo allergique au kétoprofène avec réaction photo allergique à l’amoxicilline. Selon ces auteurs, le kétoprofène pourrait induire la formation d’un complexe immunogène pouvant continuer à réagir à différents composants générant des singlets d’oxygène, et ceci même après retrait de kétoprofène. Par ailleurs, le latanoprost pourrait stimuler la production de PG endogènes D2, E2 et F2α incriminées dans la photosensibilité au cours de pellagre. La photosensibilité persistante après DCA était décrite avec les époxy résines et récemment avec la méthylisothiazolinone, suggérant une persistance dans la peau de l’agent photosensibilisant ou une réaction persistante à la lumière.