Même si Peter Ackroyd retourne vers les topoi de la vision romantique de l'anglicité en examinant les ruines selon les principes du sublime, la poétique des ruines qu'il met en œuvre acquiert une fonction éthique plus qu'esthétique. L'image des ruines chez Ackroyd semble avoir évolué vers l'expression d'une éthique de l'altérité, mais il est également possible de lire ses romans à travers le prisme d'une éthique du care. Comme il est possible de le constater dans la conclusion de The House of Dr Dee où triomphent les valeurs de la générosité et de l'attention à l'autre, ou encore dans Chatterton et dans nombre de ses romans, l'éthique de l'attention portée à l'autre dans son invisibilité est au centre des préoccupations de l'auteur. Ces autres frappés d'invisibilité sont les individus socialement défavorisés, comme on peut le constater dans The Great Fire of London ou dans English Music, mais Ackroyd s'intéresse également à l'autre du temps et de la culture dominante. Au cœur des années 80 et 90, dominées par l'ultra-libéralisme, Ackroyd recourt à une poétique des ruines pour inviter le lecteur à prendre en compte les plus vulnérables et traumatisés qui sont partie intégrante d'une culture anglaise que son œuvre n'a jamais cessé de proposer une définition.