Le caring thinking, au cœur des ambitions éthiques d’Ann Margaret Sharp : quelles recommandations concrètes dans l’accompagnement des vulnérabilités, au sein de la pratique philosophique avec les enfants ?
Alors que les travaux d’Ann Margaret Sharp - philosophe américaine et professeure à l’Université de Montclair de 1973 à 2010 - sont souvent placés dans l’ombre de ceux de Matthew Lipman, ils nous donnent des clés précieuses pour comprendre la constitution de la philosophie avec les enfants, depuis les années 1970. En particulier, son approche a laissé une empreinte durable en ce qui concerne sa dimension éthique. Influencée par les théoricien.ne.es de l’éthique du care (Gilligan, 2008 ; Noddings, 1984 ; Tronto, 2009), Sharp a mis en avant le concept de caring thinking, qui désigne une modalité de la pensée modelée par le souci d’autrui. Or, ce concept est lié à une vision anthropologique commune à ces penseuses : celle d’un être humain défini par sa vulnérabilité, son interdépendance et sa singularité. L’exercice du caring thinking sera précisément tourné vers l’accompagnement de ces vulnérabilités communes et singulières qui surgiront au gré de la discussion collective avec les enfants. Ce sont ces moments d’apparition des vulnérabilités qui seront étudiés : le partage des idées, les récits d’expérience et le surgissement des émotions. Quelles sont les recommandations pédagogiques de Sharp à leur égard ? Sont-elles suffisantes pour accompagner les participant.e.s en situation de vulnérabilité ?