Cet article traite de l'exemple classique de "pauvreté du stimulus" en linguistique, qui concerne la formation des phrases interrogatives fermées en anglais. Les jeunes anglophones acquerraient une règle d'inversion sujet-auxiliaire (ISA) sans être exposés aux données qui en permettraient l'apprentissage, la conclusion traditionnelle étant qu'il existerait un principe de "dépendance structurale" inné, inscrit dans la Grammaire Universelle. Nous montrons d'abord que les jeunes anglophones ont bien accès à certaines des données supposées "pertinentes" dans cet exemple et qu'il ne faut pas exclure l'importance potentielle d'autres données. Nous examinons ensuite la nouvelle analyse "minimaliste" des interrogatives fermées proposée par N. Chomsky. Le principe de dépendance structurale y est abandonné, mais au prix de nouvelles hypothèses tout aussi problématiques. Enfin, nous arguons que les études sur les questions produites par les jeunes anglophones ne s'accordent pas avec l'hypothèse de l'acquisition précoce d'une opération générale telle que ISA et qu'elles sont davantage compatibles avec une approche constructionnelle et fondée sur l'usage du savoir-faire linguistique.