L’Accident vasculaire cérébral ischémique (AVCi), problème majeur de santé publique, est connu pour son handicap moteur et cognitif. Il est toutefois responsable d’un handicap invisible : la fatigue, affectant l’évolution clinique malgré sa non-spécificité. Préciser la prévalence de la fatigue en fonction des caractéristiques clinicoradiologiques des patients atteints d’AVCi. Rechercher des associations entre la sévérité de la fatigue et les domaines cognitifs atteints. Nous avons mené une étude prospective au service de neurologie de l’hôpital Charles Nicolle de juillet 2021 à août 2022 incluant 40 patients suivis pour AVCi. Nous avons analysé les données épidémiologiques, cliniques et radiologiques. Nous avons évalué entre 3 et 6 mois les fonctions cognitifs et calculé le score FSS (Fatigue Severity Scale) avec un cut-off fixé à 4. L’analyse statistique était réalisée via le logiciel SPSS-26. Un lien statistiquement significatif était retenu si p = < 0,05. L’âge moyen était de 65 ans. La récurrence de l’AVC était de 18 %. Le territoire de l’ACM était affecté dans 68 %. La médiane du NIHSS était de 8. La fatigue affectait 60 % avec une médiane de FSS à 5. Les domaines cognitifs les plus atteints étaient l’attention soutenue (75 %) et les fonctions exécutives (45 %). Nous avons objectivé une association entre la sévérité de la fatigue avec un NIHSS > 5 et la récurrence de l’AVC. La présence de deux domaines atteints était corrélée à un FSS > 4 avec prédominance des troubles dysexécutifs et attentionnels. La fatigue, symptôme handicapant, affecte 1 cas/2 d’AVCi. Le délai de survenu variable dépend des comorbidités associées et de la sévérité du déficit. Les troubles cognitifs sont retrouvés chez les patients ayant un score de FSS > 4. De même, la fatigue est plus sévère en cas de troubles cognitifs préexistants. La fatigue était plus fréquente en présence de lésions pariétales et des noyaux gris centraux pouvant expliquer la prédominance des troubles attentionnels. La fatigue est un symptôme à dépister en post-AVC. Sa sévérité affecte la réhabilitation motrice et cognitive. Le médecin doit tenir compte de son impact pour indiquer des thérapeutiques adaptées.