Toxoplasmose extracérébrale au cours du SIDA : résultats d'une enquête nationale

Une enquête nationale a été menée sur les observations de toxoplasmoses extracérébrales (TEC) survenues en France entre janvier 1990 et septembre 1992 au cours du SIDA. Deux cent deux observations ont été collectées provenant de 37 centres hospitaliers. Le risque pour un patient VIH de développer une TEC a été estimé entre 1,5 à 2 % contre 15 à 37 % pour les localisations cérébrales. Il n'est pas apparu de différence épidémiologique en comparant cette série à celle des patients SIDA déclarés en France à la même époque. La TEC survient à un stade tardif avec un taux de lymphocytes CD4+ moyen à 57/mm 3 . Un effet préventif du cotrimoxazole a été confirmé. Les différentes localisations étaient ainsi réparties : oculaires : 49 %; pulmonaires : 25 %; disséminées : 13 %; myocardiques : 2 %; médullaires : 1,5 %; vésicales : 1 %; autres : 3 %. Une localisation cérébrale a été découverte à un moment de l'évolution dans 41 % des observations. Le LBA, le FO, la parasitémie et les biopsies tissulaires permettent le diagnostic de ces localisations. La sérologie n'a que peu d'intérêt diagnostique. Le traitement ne diffère pas de celui d'une localisation cérébrale. Une réponse clinique favorable a été enregistrée chez 63 % des patients. Vingt pour cent ont rechuté. Chez 18 % des patients, le décès était en relation directe avec la survenue d'une TEC. Cette enquête apporte un argument supplémentaire à la nécessité d'une prévention primaire de la toxoplasmose au cours de l'infection VIH. A national survey was performed on extracerebral toxoplasmosis (ECT) in AIDS patients in France, between January 1990 and September 1992. 202 cases were collected from 37 different hospitals. The risk of developing an ECT ranged between 1,5 and 2 % compared with 15 to 37 % for cerebral localisations (according to literature). Epidemiological data (age, contamination, route…) were similar between this series and that of AIDS patients declared in France during the same period of time. ECT appeared at a late stage with a mean CD4+ lymphocyte count of 57/mm 3 . Efficacy of a prophylaxis therapy with cotrimoxazole was confirmed. The localisations observed were : ocular (49 %), pulmonary (25 %), disseminated (13 %), peripheral blood (positive parasitemia) (4,5 %), myocardial (2 %), bone marrow (1,5 %), vesical (1 %), others (3 %). A cerebral localisation was eventually diagnosed in 41 % of the cases. Bronchoalveolar lavage, fundus oculi examination, parasitemia and tissue biopsy confirmed the diagnosis. Serological studies were poorly informative. Treatment was the same than that for cerebral localisations. A clinical response was observed in 63 % of the patients, 20 % recurred. In 18 % of the cases, death was directly related to the ECT. This survey further confirms the necessity for toxoplasmosis primary prophylaxis.